Les hôpitaux, les soins de longue durée (SLD) et les services de soins à domicile de l’Ontario font face à des crises de dotation critiques et croissantes. Le système de santé de notre province n’est pas au bord de la crise, il est en crise. Il n’est pas exagéré de décrire un certain nombre d’installations et de services comme étant en train de s’effondrer. Le gouvernement de l’Ontario doit prendre des mesures proportionnelles à l’urgence en tant que priorité absolue.
Les pénuries de personnel de santé s’aggravaient déjà dans les années précédant la pandémie. Le financement insuffisant et la restructuration de la main-d’œuvre ont entraîné des charges de travail écrasantes. Le manque de personnel et l’augmentation de la violence ont contribué à des taux intenables de blessures parmi le personnel de santé. Le sous-financement planifié, les contraintes budgétaires et la suppression des salaires prévue par la loi ont transformé les pénuries en crise. Pendant la pandémie, la crise du personnel est devenue une urgence à part entière, aggravée par l’insuffisance des EPI et des protections de sécurité pour les travailleurs. La privatisation à but lucratif a exacerbé ces conditions qui se détériorent.
Le gouvernement de l’Ontario doit de toute urgence faire face à l’urgence immédiate en matière de dotation, prendre des mesures pour remédier aux graves pénuries de personnel préexistantes et établir des conditions de travail qui stabiliseront nos hôpitaux, nos soins de longue durée et nos soins à domicile afin de fournir les soins de santé dont les Ontariens ont besoin.
1. Mesures immédiates nécessaires pour faire face à l’effondrement du personnel dans les hôpitaux, les SLD et les soins à domicile
- Les gouvernements provincial et fédéral doivent immédiatement déployer des équipes militaires dans des installations en crise, si la capacité militaire le permet.
- Le gouvernement de l’Ontario doit mettre sur pied des équipes d’intervention rapide et créer immédiatement un système volontaire de déploiement d’urgence des ressources humaines en santé pour recruter des professionnels de la santé afin d’aider l’ensemble du système de soins de santé et de les acheminer vers les hôpitaux, les foyers de SLD, les maisons de retraite et les soins à domicile en situation de crise. Les fournisseurs de soins de santé ne peuvent pas être laissés à eux-mêmes pour déterminer s’ils sont en crise.
Les Ontariens ont besoin du leadership et de la coordination de notre ministère de la Santé et de Santé Ontario pour s’assurer qu’un partage concret des ressources a lieu et que des ressources en personnel supplémentaires sont fournies aux établissements et aux services en situation de crise.
Ces mesures peuvent être nécessaires pour les vagues futures, comme elles l’étaient dans les vagues 1, 2 et 3. Ils devraient pouvoir être déployés au besoin jusqu’à ce que la pandémie disparaisse.
- Le gouvernement de l’Ontario doit immédiatement exiger des hôpitaux, des foyers de SLD et des fournisseurs de soins à domicile qu’ils fournissent et mettent en œuvre l’utilisation d’EPI appropriés pour la protection aéroportée contre Omicron, y compris des respirateurs N95 testés pour tout le personnel. Une meilleure formation sur l’utilisation appropriée de ces EPI est nécessaire. Les soignants essentiels, les visiteurs (lorsque cela est autorisé), le personnel d’agence et contractuel, le personnel de livraison et toute personne entrant dans ces établissements de soins de santé doivent porter un respirateur N95 ou équivalent. Dans la mesure du possible, pour les participants réguliers tels que les soignants essentiels, des tests d’aptitude devraient être effectués.
- Le gouvernement de l’Ontario doit exiger de l’Ordre des infirmières et infirmiers et des collèges responsables des professionnels de la santé pour lesquels il y a de graves pénuries (p. ex., inhalothérapeutes, technologues de laboratoire, pharmaciens, imagerie diagnostique) qu’ils éliminent l’arriéré d’approbations pour les infirmières et les professionnels de la santéayant reçu une formation internationale. Le gouvernement fédéral doit immédiatement éliminer les obstacles à l’immigration pour les infirmières et autres professionnels de la santéayant une formation internationale. Le gouvernement de l’Ontario doit immédiatement créer un système pour les inscrire et les amener dans des établissements en situation de crise en cas d’urgence.
- Le gouvernement de l’Ontario doit exiger de l’Ordre des infirmières et infirmiers et des collèges responsables des professionnels de la santéqu’ils accélèrent l’accréditation des professionnels de la santé à la retraite et renoncent aux frais de permis pour ceux qui sont prêts à aider temporairement à atténuer l’urgence en matière de dotation.
- L’éducation et la communication du public sont inadéquates. Une communication, une transparence et une urgence beaucoup plus claires et cohérentes sont nécessaires de la part de tous les ordres de gouvernement et des dirigeants des soins de santé.
- Le message omniprésent selon lequel Omicron cause une maladie bénigne a été dévastateur, et tous les dirigeants de la santé publique, de la politique et du système de santé doivent le contrer. Nous ne sommes pas à l’aube d’une crise du système de santé, nous sommes dans Le public commence seulement maintenant à s’éveiller à la gravité de la vague actuelle, et chaque vague successive de la pandémie épuise la résilience du système de santé. Les Ontariens ont besoin de messages clairs et honnêtes d’éducation du public sur les conséquences de la propagation sans entrave du virus pour tous les Ontariens qui ont besoin de soins de santé et sur les effets à long terme de la COVID-19.
- Les dirigeants du gouvernement et de la santé publique ont minimisé la nécessité d’une protection contre la transmission aérienne du virus et continuent de limiter l’accès et l’utilisation des respirateurs N95. Ils n’ont pas réussi à fournir des messages clairs aux Ontariens en faveur de l’utilisation de masques plus efficaces, comme les N95 ou leur équivalent. Des messages beaucoup plus forts et plus clairs doivent être adoptés, et des masques N95 — dont le coût est prohibitif — doivent être fournis gratuitement à tous les Ontariens.
- Dans des rapports publiés au cours de la dernière semaine, les professionnels de la santé avertissent que les Ontariens refusent les doses de rappel du vaccin Moderna Spikevax contre la COVID-19, ce qui démontre un manque de compréhension du public quant à la gravité de la vague actuelle. Il faut intensifier les messages clairs selon lesquels les vaccins fonctionnent et encourager à prendre le premier rappel disponible.
- Dans la mesure du possible, les Ontariens peuvent être en mesure de prendre des mesures telles que l’amélioration du masquage et de la ventilation, l’utilisation de filtres HEPA, la réduction des contacts de personne à personne, le nettoyage des mains. Un leadership et des messages clairs sur ces questions sont nécessaires de toute urgence.
- Le public a besoin de savoir où se produisent les éclosions dans les soins de santé, les écoles et les garderies, les entreprises privées et les services, à la fois comme mesure d’éducation du public et pour approfondir le consensus sur les mesures de santé publique nécessaires. (Un modèle de cette transparence a été utilisé en Nouvelle-Écosse, où toutes les éclosions dans les entreprises privées ont été inscrites à la cote de l’État ainsi que dans les périodes d’exposition potentielle ainsi que dans les services publics essentiels.)
- Il y a une pandémie de COVID-19 qui est une menace réelle et imminente pour la santé des Ontariens, mais il y a aussi une crise sanitaire continue de pénurie de personnel qui entraîne des dommages irréparables pour les patients. Il est essentiel qu’il y ait une transparence quant à l’ampleur des pénuries. Des rapports publics clairs et urgents sur les niveaux de dotation réels doivent être exigés dans les hôpitaux et les foyers de soins de longue durée (p. ex., en vertu de la Programmes Medicare et Medicaid: Exigences de réforme pour les établissements de soins de longue durée, règle finale, (2016) les foyers sont tenus d’afficher des données quotidiennes sur la dotation en personnel sur le nombre et le type de personnel et les heures réelles travaillées par quart de travail.)
- En cas d’urgence, les ONG peuvent être en mesure de fournir un soutien, et toutes les options sûres appropriées devraient être envisagées.
2. Mesures à court terme nécessaires pour remédier aux pénuries critiques de personnel
- Le gouvernement de l’Ontario doit lancer une initiative urgente de recrutement et de formation intensive, suivant le modèle du Québec à partir de l’été 2020, afin d’alléger la charge de travail écrasante des PSSP, des IA, des IAA et des professionnels de la santé pour lesquels il existe de graves pénuries. Cela doit être entrepris en plus des mesures urgentes nécessaires pour améliorer les conditions de travail et les salaires afin de retenir et d’attirer à nouveau le personnel existant. Le modèle québécois a réussi à recruter et à former plus de 7 000 équivalents PSSP en trois mois – sur un objectif de 10 000 – et à les déployer à temps pour atténuer la deuxième vague dans les foyers de soins de longue durée du Québec, en partie parce qu’il s’agissait de une formation intensive accélérée sans frais de scolarité (elle a été payée), avec la promesse d’un travail à temps plein et de salaires décents.
L’initiative de l’Ontario doit être tout aussi ambitieuse et adaptée à la taille de notre province. Cela signifierait qu’environ 18 000 PSSP suivent une formation intensive accélérée dès que possible, et un nombre similaire d’infirmières et infirmiers (IAA et IA). Dans le seul cas des soins de longue durée, l’Ontario a besoin de 21 500 PSSP équivalents temps plein et de 15 500 IA/IAA d’ici 2025 pour que les niveaux de soins atteignent la sécurité et ouvrent les lits nouveaux ou réaménagés prévus. Il y a actuellement 22 000 postes d’IA vacants en Ontario.
Cela ne peut pas être ponctuel, en utilisant des collèges privés, de qualité variable et à des chiffres bien inférieurs aux besoins prévus, comme cela a été le cas jusqu’à présent.
- La main-d’œuvre des soins de santé de l’Ontario avait déjà connu une décennie de suppression salariale auparavant. à la pandémie. En vertu du projet de loi 124, les salaires sont plafonnés bien en deçà du taux d’inflation, ce qui signifie des réductions en dollars réels des salaires des travailleurs qui ont maintenu notre système de soins de santé ensemble dans les circonstances les plus difficiles et les plus traumatisantes. Le projet de loi 124 doit être immédiatement abrogé. Les salaires des travailleurs de la santé doivent être immédiatement améliorés.
- Le gouvernement de l’Ontario doit immédiatement mettre en œuvre un minimum de 10 jours de maladie payés et 14 jours de maladie supplémentaires en cas d’urgence sanitaire.
- Alors que les salaires du personnel de santé régulier dans les services de santé publics et sans but lucratif ont été supprimés par le projet de loi 124, les agences de dotation à but lucratif facturent des prix exorbitants de nos hôpitaux publics et de nos foyers de soins de longue durée pour le personnel temporaire. Le gouvernement de l’Ontario doit adopter de toute urgence une loi contre les prix abusifs par les agences de dotation en personnel de santé.
- Le gouvernement de l’Ontario doit établir des objectifs clairs et des plans de recrutement, de maintien en poste et de formation du personnel pour le nombre d’employés nécessaires immédiatement et dans les années à venir, y compris des objectifs clairs de responsabilisation pour augmenter le personnel à temps plein et réduire la précarité.
- Le gouvernement de l’Ontario doit de toute urgence mettre en œuvre des mesures de santé publique plus strictes pour ralentir la propagation de la COVID-19.
Dans le budget de l’Ontario, le gouvernement affirme que l’Ontario a la capacité de faire 105 000 tests de dépistage de la COVID par jour. Cette augmentation de la capacité de nos laboratoires publics et hospitaliers doit être concrétisée, et le gouvernement de l’Ontario doit couvrir le coût total des tests dans nos laboratoires hospitaliers publics. La redéfinition des épidémies, la limitation des tests et la manipulation des données pour supprimer le nombre de cas doivent cesser. L’isolat d’essai à l’état de traces doit être rétabli.
- Le gouvernement de l’Ontario doit travailler avec les partenaires postsecondaires pour assurer la reprise sécuritaire des stages cliniques et des laboratoires en personne pour tous les étudiants en sciences infirmières.
3. Mesures générales nécessaires pour remédier aux pénuries de personnel
- Le gouvernement de l’Ontario doit exiger un ratio de 70 % de personnel à temps plein dans les hôpitaux et les soins de longue durée.
- Les agences de dotation ont un effet corrosif sur le maintien en poste des travailleurs de la santé. Les hôpitaux publics et sans but lucratif et les foyers de soins de longue durée sont soumis à la suppression des salaires dans le projet de loi 124, tandis que le personnel qui quitte et rejoint les agences est payé parfois le double ou plus que le personnel qui reste. Pour ajouter l’insulte à la blessure, le personnel de l’agence n’a pas les mêmes exigences pour travailler la nuit et la fin de semaine que le personnel régulier. Il y a de nombreux rapports d’agences de dotation en personnel facturant des majorations exorbitantes et se livrant à des prix abusifs de nos établissements de soins de santé financés par l’État. Le gouvernement de l’Ontario doit interdire l’utilisation d’agences privées de dotation en personnel de santé par les hôpitaux et les foyers de SLD.
- Les menaces et la violence contre les travailleurs de la santé contribuent à des taux extraordinaires de blessures au personnel, de mauvaises conditions de travail et de problèmes de rétention. Le gouvernement de l’Ontario et les dirigeants du secteur de la santé ne peuvent plus manquer de prendre des mesures pour prévenir le torrent de violence physique, sexuelle et raciale contre le personnel de la santé. Des messages clairs et forts de la part des dirigeants à tous les niveaux sont nécessaires pour demander aux Ontariens de traiter les travailleurs de la santé avec respect et tolérance. Le gouvernement de l’Ontario doit émettre une directive aux dirigeants des soins de santé afin qu’ils prennent des mesures actives immédiates pour réduire la violence et investir considérablement dans les mesures de sécurité.
Une proportion importante de la violence peut être évitée par un nombre suffisant de personnel – et un personnel dûment formé – avec suffisamment de temps pour fournir des soins sans précipitation et de longues attentes.
Des niveaux de dotation et de formation sécuritaires doivent être mis en œuvre en priorité afin de prévenir la violence et d’offrir des soins compatissants aux patients et aux résidents ayant des comportements réceptifs et une maladie mentale.
- Le gouvernement de l’Ontario doit créer un plan assorti d’un échéancier responsable pour atteindre la parité salariale dans les soins à domicile, les soins de longue durée et les hôpitaux.
- Le gouvernement de l’Ontario doit modifier son plan budgétaire actuel qui a fixé le financement des soins de santé à des milliards de dollars par année en deçà des besoins de la population à compter de 2022-2023 et plutôt planifier les revenus et les politiques de financement nécessaires pour soutenir un système de soins de santé de qualité qui répond aux besoins de la populationen matière de soins.
- Le gouvernement de l’Ontario doit mettre fin à la privatisation à but lucratif des services hospitaliers, des soins de longue durée et des soins à domicile.
- Le gouvernement de l’Ontario doit rendre compte publiquement et de façon transparente des progrès réalisés à l’égard de ces recommandations.
Les organisations suivantes ont appuyé ces demandes urgentes d’action concrète de la part du gouvernement de l’Ontario. Nous représentons plus d’un million d’Ontariens et d’Ontariens en première ligne de la crise, en tant que professionnels et travailleurs de la santé, en tant que patients, résidents et familles.
Défenseurs de la réforme des soins de longue durée ontario
Comité de plaidoyer, Réseau des conseils de famille Région 4
Mesures à prendre en matière de soins de longue durée maintenant
Fédération nationale des retraités
Conseil des syndicats hospitaliers de l’Ontario (OCHU/SCFP)
Fédération du travail de l’Ontario
Coalition ontarienne pour la santé
Association des étudiants en médecine de l’Ontario
Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario
Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario et Division des professionnels des hôpitaux
Coalition du Conseil de la famille vivante de Sienne
Unifor
Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce
Métallos
Divers conseils de famille de foyers de soins de longue durée de l’Ontario